Le lien étroit entre alimentation et émotions
Qui n’a jamais mangé ses émotions au travers de l’alimentation ? Quel est le lien ténu qui relie les deux ? Pourquoi la nourriture est-elle un régulateur émotionnel ? Nous allons essayer au travers de cet article de comprendre ce phénomène trop souvent source de souffrances au cours de notre vie. Et nous tenterons de trouver des moyens de s’en libérer.
Que se passe-t-il quand l’alimentation devient émotionnelle
Lorsque nous ne sommes pas en mesure d’exprimer nos émotions, nous les avalons, nous les étouffons avec de la nourriture. Le plus souvent avec des aliments sucrés et gras. La nourriture devient donc un régulateur émotionnel, un mode de compensation de l’émotion par une prise alimentaire.
Le langage populaire parle pour nous
Si vous cherchez des expressions issues du langage populaire qui associent les émotions et le digestif, vous allez en trouver un certain nombre. Par exemple « j’ai le ventre noué », « cela me reste sur l’estomac », «je me fait de la bile ». Ou encore « je ne l’ai pas digéré » ou « ça me prend aux tripes ». Ces expressions démontrent parfaitement le lien étroit entre l’alimentation et les émotions. Le docteur Olivier Soulier spécialiste dans ce domaine disait d’ailleurs « Toutes nos émotions naissent, vivent et meurent dans nos intestins ».
Un processus normal
En effet l’acte de manger produit du réconfort car après chaque repas, le cortisol diminue. C’est une fonction régulatrice normale.
Génétiquement normal
Sachez que chacun de vous est câblé pour aller vers des aliments à densité calorique élevée. Réminiscence d’une époque où l’homme devait aller chercher sa nourriture dans des conditions souvent très difficiles, affrontant la chasse, le froid et le danger. Ces conditions incitaient l’homme à se diriger naturellement vers des aliments caloriques nécessaires à la survie de l’espèce. Cependant le rapport dépenses calories était plus équilibré, ce qui n’est plus le cas dans nos civilisations sédentaires.
Par ailleurs les hommes emmagasinaient de grosses quantités car le repas suivant n’était pas garanti.
Scientifiquement normal
Le lien émotion/alimentation s’installe tout naturellement à notre naissance lorsque nous tissons les premiers liens avec la maman au moment de la tétée. Manger est donc associé aux émotions de début de vie.
Le cerveau quand à lui a une nette préférence pour les aliments gras et sucrés, son principal carburant est en effet le sucre.
Enfin la consommation de sucre augmente notre sérotonine et nous apporte par conséquent du réconfort. C’est ainsi que le sucre est quasi aussi anxiolytique que certains antidépresseurs.
Parlons d’abord des émotions
Prenons le temps d’explorer l’émotion
Comme vous le savez si vous lisez mes articles, j’aime bien me pencher sur l’étymologie des mots. Le mot « émotion », en latin « emovere » évoque la mise en mouvement. L’émotion implique par conséquent de vivre et d’être exprimée.
Quelles sont les différentes émotions
Il en existe un certain nombre, la joie, la colère, la peur, la tristesse … Vous pouvez consulter la roue des émotions pour les explorer dans leur ensemble. L’émotion est un bon indicateur de satisfaction de nos besoins. C’est pourquoi il est nécessaire de les identifier. Derrière la peur se cache un besoin de sécurité, derrière la colère un besoin de justice et derrière la tristesse un besoin d’amour.
Identifier une émotion, la comprendre, la passer au filtre … sera le préalable nécessaire dans la compréhension de ce qui nous lie à ce besoin de manger.
On pourra s’aider pour cela de la médecine traditionnelle chinoise qui met en lien certains organes avec certaines émotions. Ainsi le foie sera lié à la colère et à la frustration. La rate à la rumination, le poumon à la tristesse, le rein à la peur et le cœur à la joie.
Si vous n’avez pas les moyens d’exprimer une émotion, votre corps mettra en place des mécanismes de défense. C’est ainsi que vous risquez de vous retrouver avec un certain nombre de cuirasses dont la fonction sera de vous protéger.
Quelles sont les causes de l’alimentation émotionnelle
Elles sont multiples et ont toutes pour dénominateur commun une ou plusieurs émotions mal gérées ou non exprimées.
Les croyances limitantes familiales
Qui n’a pas entendu enfant ce type d’injonction « tu dois, il faut que … ». Ces mêmes injonctions qui s’immiscent dans le domaine alimentaire « tu ne quitteras pas la table tant que tu n’auras pas terminé ton assiette », « dépêche-toi de manger », « tu n’auras pas de dessert si tu n’as pas mangé tes légumes » … Toutes ces injonctions auront souvent des incidences sur la satiété, le plaisir, les ressentis … Elle apporteront confusion et frustration et associeront pendant longtemps émotions et alimentation.
Sans parler de mécanismes mis en place comme des repas pris devant la télévision ou à toute vitesse, des conflits ou mauvaises ambiances ou encore l’habitude de consommer des plats industriels.
Les croyances limitantes sociales
Un certain nombre de croyances sont véhiculées par la société et elles ont la vie dure, je le constate souvent lors des consultations. « le gras fait grossir », « il faut consommer viande ou poisson à chaque repas », « les produits light sont bons pour la santé » ou encore « les produits laitiers, nos amis pour la vie » … Allégations souvent fausse et qui ne prennent pas en considération l’individu dans sa particularité.
Et puis les propositions alimentaires sont très influentes. Le nom des produits, les packagings, les slogans nous font croire à la magie du produit et nous éloignent de nos besoins réels. Sans compter la profusion de l’offre alimentaire avec tous ces nouveaux « aliments » à la densité calorique explosive.
Les messages véhiculés par les médias
Les médias au travers de séries, films, publicités … véhiculent des messages qui peuvent influencer nos comportements alimentaires, nous incitant à reproduire ce que nous voyons à l’écran Ainsi la vision d’une famille joyeuse où règne l’harmonie en train de petit déjeuner autour de céréales industrielles arrosées de lait et de pâte à tartiner que je ne nommerai pas nous incitera à acheter ces produits. Notre cerveau associera de fait la sensation positive à l’objet de consommation.
Les régimes successifs
Ces derniers brouillent les cartes car nous ne sommes plus alors dans nos ressentis, nous nous déconnectons de nos sensations pour compter des calories, dissocier les « bons » des « mauvais » aliments … Nous sommes alors dans le contrôle et nions notre propre plaisir. Ce qui explique que la plupart des régimes ne tiennent pas sur la longueur.
Quels sont les mécanismes mis en place lorsque l’alimentation est liée aux émotions
D’une part nous ne reconnaissons pas nos émotions, nous les anesthésions au lieu de les accompagner. Nous ne les ressentons pas, nous les mangeons. D’autre part nous allons utiliser l’alimentation comme un doudou, un réconfort, une récompense qui va nous faire du bien et agir comme un pansement. Le plus souvent ce mécanisme abouti à un sentiment de honte et de culpabilité, ce qui conduit à reproduire le schéma. C’est un véritable cercle vicieux qui se met en place. S’installent alors dans le temps stress, souffrance, culpabilité et prise de poids. Nous ne sommes alors plus dans le contrôle et plus en capacité de reconnaitre nos sensations de faim. Les pulsions deviennent de plus en plus fortes et nous déconnectent de notre corps. La relation avec la nourriture devient conflictuelle.
La culpabilité
Savez-vous que c’est la culpabilité qui fait le plus grossir. Lorsque nous nous sentons coupable, nous n’éprouvons plus de plaisir et nous donnons comme information à notre corps que nous sommes en guerre. Ce dernier va alors faire des réserves au sein de nos tissus adipeux.
Le circuit de la récompense
Ce système au sein de notre cerveau est nécessaire à notre survie. Lorsqu’il est perturbé nous ne ressentons pas la satiété et mangeons plus que nécessaire pour ressentir le plaisir.
Ce circuit de la récompense apporte plaisir et satisfaction lorsque nous buvons, mangeons et nous reproduisons. Il nous informe sur le niveau de satisfaction de ces besoins fondamentaux grâce à un messager chimique (ou neurotransmetteur) la dopamine. Lorsque nous faisons l’une de ces actions il y a automatiquement au sein de notre organisme une libération de dopamine, fameuse hormone du plaisir. Ceci nous procure du plaisir et notre cerveau mémorise le bien-être ressenti comme une récompense. Le problème c’est que cette libération de dopamine peut avoir lieu en l’absence de consommation, par exemple en regardant un gâteau ou en y pensant fortement.
Et c’est cette anticipation de la récompense qui va conduire à un phénomène de répétition et donc de surconsommation. Nous pouvons ainsi devenir dépendant physiquement et psychiquement à ce gâteau. Nous nous dissocions entre la consommation réelle et l’anticipation de la consommation. Ce phénomène sera à l’origine du manque. Plus nous consommerons, moins nous en tirerons de récompense et de plaisir nous entrainant dans la compulsion et l’addiction. Le but étant de retrouver le plaisir ressenti précédemment.
Quelles sont les moments de la journée ou les périodes de vie les plus sensibles
Je constate chez mes consultants que les envies compulsives ont le plus souvent lieu en fin d’après-midi. Ce qui révèle fréquemment un déficit de sérotonine.
Les moments de vie où l’alimentation se lie plus facilement aux émotions correspondent à des moments d’individualisation, de transformation ou de passage. L’adolescence, les rencontres amoureuses, le mariage, les séparations affectives, la grossesse, la ménopause, le deuil par exemple. La béquille alimentaire se met alors en place et apporte le réconfort nécessaire.
Quelles stratégies mettre en place
Il existe heureusement de nombreuses techniques qui vont vous aider à modifier vos comportements en passant par la compréhension de ce qui se joue en vous. C’est ce que nous aborderons en détail pendant la consultation.
Tout d’abord dédramatiser
Vous l’avez maintenant compris, ces mécanismes sont non seulement normaux mais salutaires. Votre corps les a mis en place pour vous sauver, pour vous protéger.
Faire face à ses émotions
Nous verrons ensemble comment faire face à vos émotions, comment les identifier, je vous parlerai de la météo émotionnelle qui vous permettra d’aller plus loin dans la connaissance de vous-mêmes.
Comprendre ce qui s’est joué dans l’enfance
Nous tenterons de comprendre si certains évènements ou comportements vécus dans votre enfance ont facilité le lien étroit entre votre alimentation et vos émotions. Avez-vous été en manque de sécurité affective, matérielle ? Un père trop autoritaire ou absent. Une mère omniprésente ou en manque d’attention ?
Identifier sa sensation de faim
Je vous expliquerai comment vous reconnecter avec votre faim, comment retrouver le plaisir, la sensation de satiété, comment manger en pleine conscience …
Retrouver son plaisir
Ce sera fondamental, sans plaisir pas de régulation, pas de rassasiement et vous irez directement vers le craquage. Pour cela je vous apprendrai à prêter attention à vos sensations, à accompagner vos envies avec conscience et sentiment de sécurité.
Déterminer le type d’aliments en cause
Le plus souvent nous sommes attirés par des aliments sucrés et gras. Nous faisons rarement des boulimies de haricots verts …
Nous évoquerons ces aliments, leur signification et construirons ensemble des stratégies pour les diminuer ou les remplacer tout en conservant du plaisir.
Amener de la bienveillance envers soi
L’objectif sera de faire la paix avec vous-même, d’être attentif à vos besoins et de retrouver une belle santé physique et psychique.
Déplacer le doudou
Nous avons tous besoin d’un doudou. Jusqu’à présent c’était la nourriture. Nous chercherons ensemble par quoi la remplacer tout en respectant vos besoins. Nous mettrons en place un cercle vertueux.
Rapprocher l’alimentation de ses propres valeurs
Nous verrons comment redonner du sens à votre alimentation en dehors des émotions, comment y remettre de la conscience et comment retrouver vos valeurs dans votre façon de manger.
Trouver des motivations
Quelles sont les motivations qui vous aideront à sortir de l’alimentation émotionnelle, perte de poids, revalorisation, diminution de douleurs ….
Passer par le corps et comprendre ses besoins
La compréhension des besoins de votre corps pourra également vous aider et contribuer à votre motivation. Cette compréhension pourra être physiologique comme émotionnelle, là aussi nous ferons peut-être des liens. Comprendre par exemple le lien ténu entre le cerveau et les intestins lieu de mémoire de vos émotions. Nous verrons également comment structurer vos repas selon vos propres règles alimentaires.
En conclusion
Comme vous avez pu le constater, l’alimentation émotionnelle est un vaste sujet qui nécessite de prendre le temps de la compréhension. Cela demande aussi de mettre en place des objectifs mesurables, spécifiques à votre problématique et réalistes. Je serai heureuse de vous accompagner sur ce chemin du mieux-être.