Fibromyalgie et hypothyroïdie : un lien méconnu à explorer

Imaginez : vous vous réveillez un matin, le corps lourd, chaque muscle tendu, la tête engourdie comme après une nuit blanche. Vous vous dites : « Ce n’est qu’une mauvaise passe. » Mais les jours passent, la fatigue s’installe, les douleurs s’étendent. Votre entourage ne comprend pas. Les examens reviennent “normaux”. Jusqu’au jour où on vous parle de fibromyalgie. Vous mettez en fin un mot sur vos maux. Mais pour autant, vos symptômes sont toujours là, aucune solution miracle.

Beaucoup de personnes atteintes de fibromyalgie se reconnaissent dans ce parcours : des années d’errance, de doutes, de traitements qui soulagent à peine. Et si, dans certains cas, cette souffrance cachait une autre cause ? Et si la thyroïde, cette petite glande au creux du cou, jouait un rôle méconnu dans la fibromyalgie ?

Quand la fatigue et la douleur se confondent

La fibromyalgie est un syndrome complexe : douleurs diffuses, fatigue persistante, troubles du sommeil, raideurs, hypersensibilité… un véritable casse-tête à diagnostiquer.
De son côté, l’hypothyroïdie se manifeste souvent par une baisse d’énergie, une frilosité, une prise de poids, une peau sèche, une constipation, un moral en berne. Deux tableaux différents… mais avec de nombreux symptômes communs.

Ce recoupement n’est pas anodin. Il explique pourquoi tant de personnes passent des années sans qu’on leur parle de leur thyroïde. Beaucoup de patient(es) reçoivent un diagnostic de fibromyalgie alors qu’un dysfonctionnement thyroïdien discret pourrait participer à leurs troubles.

Prenons un instant pour imaginer : que se passerait-il si, derrière ces douleurs inexpliquées, se cachait une hypothyroïdie ?

Un lien que certains médecins explorent

Le Dr Raul Vergini, médecin italien, résume cette idée dans son livre « hypothyroïdie – Reconnaitre et traiter le plus fréquent des troubles de la thyroïde » : “Le lien entre la fibromyalgie et la thyroïde est bien plus étroit qu’on ne le pense couramment.”
Il suggère que l’hypothyroïdie non diagnostiquée ou mal compensée par un traitement pourrait expliquer une partie des symptômes attribués à la fibromyalgie. Dans cette perspective, la fibromyalgie ne serait pas une maladie à part entière dans certains cas, mais une expression d’un métabolisme ralenti depuis longtemps.

Le Dr David Brownstein, auteur de « Overcoming Thyroid Disorders », raconte plusieurs histoires de patients initialement diagnostiqués “fibromyalgiques” qui ont vu leur état s’améliorer considérablement après un traitement thyroïdien adapté. Pour lui, un équilibre hormonal optimal est une clé incontournable dans la gestion de la fatigue et des douleurs chroniques.

Et avant eux, le Dr Broda O. Barnes, précurseur en approche intégrative, proposait déjà d’utiliser la température basale pour détecter les hypothyroïdies “invisibles” aux tests classiques. Ces approches ne remplacent pas la science, mais elles ouvrent une piste : et si la fibromyalgie cachait parfois un déséquilibre hormonal ? »

La médecine officielle : prudente, mais pas fermée

Les chercheurs avancent avec précaution, sans écarter complètement le lien possible entre la fibromyalgie et certaines maladies de la thyroïde.
Des études ont notamment observé des points communs entre la fibromyalgie et la thyroïdite de Hashimoto, une maladie auto-immune. D’autres travaux montrent que certaines personnes souffrant d’une hypothyroïdie “subclinique” (c’est-à-dire avec des analyses normales mais un manque d’hormones actives dans les tissus) continuent à ressentir fatigue et douleurs, malgré un traitement médical.

Le tableau ci-dessous montre les convergences et différences entre fibromyalgie et hypothyroïdie.

Pour l’instant, aucune preuve solide ne montre qu’un traitement de la thyroïde puisse guérir la fibromyalgie. Mais c’est une piste qui mérite d’être étudiée.
La recherche avance lentement, tandis que les observations des médecins sur le terrain font parfois émerger de nouvelles idées.

De plus en plus de praticiens estiment qu’il faut tenir compte des différences individuelles : une valeur “normale” de TSH pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre. Écouter ses sensations, son niveau d’énergie et les signaux de son corps devient alors un repère essentiel pour ajuster les soins.

Symptôme Fibromyalgie Hypothyroïdie (classique / subclinique)
Douleurs musculaires, raideurs, courbaturesOui, diffuses, souvent fluctuantesOui — crampes, myalgies, douleurs musculaires
Sensibilité aux points douloureux (tender points)Critère de diagnostic de la maladieNon spécifique, mais certaines zones peuvent être plus sensibles
Fatigue, épuisementQuasi omniprésentOui, souvent marquée, avec intolérance à l’effort
Troubles du sommeilOui, très fréquentOui — somnolence diurne ou sommeil de mauvaise qualité
Frilosité / intolérance au froidParfoisOui, signe classique
Prise de poidsParfoisFréquent, prise de poids modérée
ConstipationPossibleTrès fréquente
Peau sèche, cheveux cassants, chute de cheveuxParfoisSignes typiques
“Brouillard mental” / ralentissement cognitifOuiOui, ralentissement, troubles de la mémoire ou de la concentration
Troubles neurologiques (engourdissement, paresthésies)OccasionnellementOui, dans les cas de myxoedème ou neuropathies
Dépression, anxiété, sautes d’humeurTrès fréquents comme comorbiditéPeut survenir, surtout si non traitée
Dysfonction hormonale et/ou reproductiveParfois (irrégularités menstruelles, SPM)Oui, irrégularités, hypoactivité ovarienne, infertilité
Autres symptômes (intestin irritable, migraines, céphalées)Souvent présentsParfois

Pourquoi ce lien aurait du sens

Pour comprendre, rappelons le rôle fondamental de la thyroïde : c’est le “chef d’orchestre du métabolisme”. Elle régule la production d’énergie, la température corporelle, la récupération cellulaire, la circulation, le moral… Quand elle fonctionne au ralenti, tout l’organisme s’essouffle.

Un manque d’hormones thyroïdiennes actives peut réduire la vitalité musculaire, ralentir la réparation des tissus, perturber le sommeil, et accentuer la sensibilité à la douleur. Ces mécanismes, combinés à un stress chronique, une inflammation de bas grade et une carence en nutriments, peuvent former le terreau parfait d’un syndrome fibromyalgique.

Certains chercheurs évoquent aussi une conversion hormonale inefficace (T4 qui ne se transforme pas bien en T3 active), ou une résistance tissulaire aux hormones, expliquant pourquoi des patient(es) ressentent des symptômes malgré des dosages normaux.

Et si, dans ces cas-là, la fibromyalgie n’était pas une “maladie”, mais la conséquence d’un métabolisme bloqué, en souffrance silencieuse depuis des années ?

Une approche globale et nuancée

Si l’on adopte une vision globale de la santé, la fibromyalgie semblerait découler de plusieurs causes qui interagissent entre elles.

  • Une activité de la glande thyroïde un peu ralentie peut freiner le métabolisme et la régénération des cellules.
  • Le stress chronique de son côté épuise les glandes surrénales et perturbe la transformation des hormones thyroïdiennes T4 en T3.
  • Quand les cellules produisent moins d’énergie (au niveau des mitochondries), la fatigue musculaire s’installe.
  • La douleur persistante finit par « sensibiliser » le système nerveux, qui devient plus réactif.
  • Petit à petit, les symptômes de la fibromyalgie apparaissent, variables selon les périodes, et souvent difficiles à soulager avec les traitements habituels.

Cette façon de voir les choses ne cherche pas à tout expliquer, mais elle invite à considérer le corps comme un ensemble où tout est lié. Elle encourage aussi un dialogue plus riche entre la médecine classique et les approches complémentaires pour mieux comprendre chaque personne dans sa globalité.

Comment la naturopathie peut accompagner

S’appuyer sur un bilan thyroïdien complet : TSH, FT4, FT3, reverse T3, anticorps anti-TPO et anti-TG.

Effectuer un bilan approfondi à la demande du médecin

S’appuyer sur un bilan thyroïdien complet : TSH, FT4, FT3, reverse T3, anticorps anti-TPO et anti-TG.

Illustration microscope et tubes à essai

Proposer un soutien nutritionnel ciblé

Certains nutriments sont essentiels au fonctionnement de la thyroïde et du métabolisme énergétique :

Chaque complément doit être personnalisé : un excès peut être aussi délétère qu’une carence.

Soutenir les organes d’élimination

Foie, reins, intestins : des systèmes clés dans la gestion hormonale et la détoxification. Une alimentation anti-inflammatoire, riche en fibres, en végétaux frais et en oméga-3, aide à favoriser ces processus.

Gérer le stress, les émotions et améliorer le sommeil

Le stress chronique épuise l’axe hormonal (thyroïde, surrénales, gonades) et aggrave la fibromyalgie. Des techniques comme la cohérence cardiaque, la méditation, la marche consciente, l’EFT ou la sophrologie peuvent apaiser le système nerveux et favoriser la récupération.

Bouger, même doucement

L’activité physique régulière, modérée et adaptée (marche, yoga doux, natation) stimule la circulation, l’oxygénation et les mitochondries. Je conseille en général à mes consultants(es) au minimum 30 à 45 mn par jour d’activité physique.

Réévaluer régulièrement

Observer les évolutions, ajuster les soutiens, collaborer avec le médecin. La naturopathie s’inscrit dans une démarche d’accompagnement, pas de substitution médicale.

Témoignage “Et si ma thyroïde m’envoyait des signaux ?”

Prenons l’exemple de Claire, 47 ans. Diagnostiquée fibromyalgique depuis 5 ans, elle vit avec une fatigue chronique et des douleurs diffuses. Elle dort mal, a souvent froid, ses cheveux tombent, ses ongles deviennent cassants… Ses analyses ? ne montrent ni carences, ni surcharges, tout semble “normal”.

Elle demande alors un bilan plus complet : sa T3 libre est dans la norme basse, ses anticorps légèrement positifs. Son médecin ajuste le suivi, et elle entreprend parallèlement un accompagnement naturopathique, un travail sur son alimentation, son stress et son sommeil.
Trois mois plus tard, elle dort mieux, retrouve un peu d’énergie et ses douleurs diminuent.

Ce n’est pas une guérison “miracle”, mais un rééquilibrage global. Claire n’est pas un cas isolé. Beaucoup de personnes trouvent un mieux-être en explorant la piste thyroïdienne, de façon encadrée et prudente.

En résumé

Personne ne peut actuellement affirmer que toute fibromyalgie est une hypothyroïdie cachée. Mais ignorer la thyroïde dans le bilan de ces douleurs chroniques, c’est peut-être passer à côté d’un levier essentiel de mieux-être.

La médecine avance, la naturopathie accompagne : ensemble, elles peuvent ouvrir des voies plus humaines et personnalisées.

Alors, si vous souffrez de fatigue inexpliquée, de douleurs diffuses, de moral fluctuant, ou si vous avez reçu un diagnostic de fibromyalgie, posez-vous la question : ma thyroïde a-t-elle été explorée en profondeur ?

Envie d’aller plus loin ?

Je propose un appel découverte offert, un moment d’échange pour :

  • Faire le point sur vos symptômes 
  • Comprendre les liens possibles entre votre fibromyalgie et votre thyroïde 
  • Identifier des pistes naturelles et concrètes pour retrouver plus d’énergie au quotidien

Cet article ne remplace pas un avis médical. Il s’inscrit dans une démarche d’éducation à la santé, de prévention et de compréhension globale du corps.