Définissons ce qu'est la perméabilité intestinale
La perméabilité intestinale est une propriété qui permet les échanges entre la lumière intestinale (ou intérieur de l’intestin) et le milieu intérieur du corps. Nous décrirons ci-dessous plus en détail ces mécanismes. Retenons pour l’instant que la muqueuse intestinale a deux rôles essentiels, filtre et assimilation. Elle doit d’une part assimiler les bons nutriments issus de notre alimentation et destinés au bon fonctionnement du corps. D’autre part elle doit remplir son rôle de barrière ou de rempart afin d’éviter que des endotoxines ou grosses molécules alimentaires ne pénètrent dans la circulation sanguine. Nous avons donc tout intérêt à tout mettre en place pour avoir une muqueuse intestinale en bon état.
Hippocrate, père de la médecine moderne disait déjà en 400 avant JC « Toute maladie commence dans l’intestin »
Un peu de physiologie pour mieux comprendre la perméabilité intestinale
le début de la digestion
La digestion démarre dans la bouche grâce à la sécrétion d’une enzyme l’amylase salivaire. C’est pourquoi mâcher est si important. Une mastication insuffisante entraine un surcroit de travail pour l’estomac et les intestins…De la fatigue et une surconsommation d’énergie au détriment d’autres fonctions organiques. Le bol alimentaire passe ensuite par l’œsophage pour accéder dans l’estomac en passant par le cardia (jonction gastro-œsophagienne). Les enzymes et sucs gastriques le tranformeront en « chyme » grâce à un brassage ininterrompu. Le chyme franchit alors le pylore, sphincter qui relie l’estomac au duodénum, partie initiale de l’intestin.
L'absorption
C’est alors que des milliers de villosités tapissant votre muqueuse intestinale absorberont 90 % des nutriments ingérés. Les protides seront dégradées en acides aminés. Puis les lipides en acides gras et les glucides en sucres simples. Le péristaltisme, c’est-à-dire les nombreuses contractions de la muqueuse, feront progresser le chyme et le dirigeront vers le côlon. Le rôle du côlon (ou gros intestin) est de terminer l’absorption grâce à de nombreuses bactéries. Et de réabsorber l’eau des matières fécales. Il produit également des vitamines indispensables à l’organisme, vitamines K, B12, B9, B5, B2, H. Ainsi que de l’acide propionique à l’origine des bactéries bifides, indispensables à votre équilibre intestinal.
Enfin il digère les fibres insolubles grâce à une enzyme la cellulase. Et les derniers résidus se dirigent dans le rectum pour y être éliminés par l’anus sous forme de selles. Lorsque le chyme arrive dans l’intestin, il n’est pas complètement digéré. C’est alors que les sucs pancréatiques avec le mucus et la bile vont le transformer en substances infiniment petites, appelées des nutriments. Ainsi ils rejoindront au travers de la circulation sanguine le foie, véritable usine de détoxication.
Les organes annexes indispensables à la digestion
D’autres organes sont liés à la digestion. Le foie chargé d’éliminer les déchets. Le pancréas dont la fonction exocrine est de secréter des enzymes pour digérer les protéines, les lipides et les glucides. Et la vésicule biliaire qui fabrique de la bile, indispensable à la digestion des graisses.
Et puis il y a le microbiote intestinal. Ce dernier participe à la digestion, l’assimilation, la synthèse et la régulation dont l’immunité. Des déséquilibres au sein de ce microbiote entraineront une présence excessive de bactéries pathogènes et occasionneront de l’inflammation.
Observons de plus près la muqueuse intestinale
La muqueuse de l’intestin constitue une barrière physiologique entre votre milieu intérieur et la lumière intestinale. Celle-ci contient les aliments sous forme de chyme. Elle est constituée de plusieurs strates, la muqueuse, la sous-muqueuse, la musculeuse et la séreuse. La muqueuse, au contact de la lumière intestinale est celle qui nous intéresse ici. Elle est composée d’une seule couche de cellules appelées entérocytes.
Celles-ci sont surmontées d’excroissances nommées villosités. Ces villosités représentent une très grande surface d’absorption. A l’intérieur de chaque villosité part un réseau de capillaires (artérioles, vénules). Ce dernier permet le transport des nutriments vers le milieu intérieur. Des jonctions serrées raccordant les entérocytes assurent à la fois la fonction de barrière et de filtre. En effet, elles laissent passer les nutriments de petites tailles (vitamines, minéraux, oligo-éléments, acides aminés …). Leurs rôles est de maintenir et nourrir nos cellules. Les toxiques ou agents pathogènes présents ne doivent en aucun cas pénétrer dans votre milieu intérieur.
Que se passe-il alors en cas d'hyper- perméabilité intestinale ?
Lorsque les jonctions serrées ne remplissent plus leur rôle de filtre et sont distendues, la muqueuse devient trop perméable. Elle ne retient plus les éléments indésirables. Différents toxiques, virus, bactéries pathogènes, grosses molécules alimentaires … vont alors pénétrer pas ces jonctions. Ils peuvent parfois les obstruer ou s’engouffrer dans la circulation sanguine. Ils vont alors envahir l’organisme au lieu d’être évacués par les selles. Occasionnant ainsi des lésions ou altérations au sein même de la muqueuse. Autre conséquence, une insuffisance en bonnes bactéries et un trop plein de bactéries pathogènes. C’est en raison de ce phénomène que des situations comme le SIBO ou la candidose apparaissent.
Quelles sont les conséquences de l'hyper-perméabilté intestinale ?
Des maladies infectieuses et inflammatoires
Les toxiques pénétrant ainsi l’organisme sont à l’origine de 80 % des maladies, souvent infectieuses. Comme les pathologies ORL, urinaires, pulmonaires, cardiaques, les affections de la peau (acné, eczéma, psoriasis), ou encore les pathologies articulaires. De nombreux symptômes, diarrhées, constipation, ballonnements, gaz malodorants, douleurs abdominales, fatigue… vont apparaitre. L’inflammation donera naissance à des pathologies comme l’endométriose.
Une possible fatigue hépatique
Le foie, dont un des nombreux rôles est d’éliminer les déchets peut se trouver débordé. Il ne va plus pouvoir faire face. Les hépatocytes, cellules du foie vont ainsi laisser passer dans la circulation sanguine trop de déchets. Ces derniers vont rejoindre et encrasser nos différents tissus.
Un risque de maladie auto-immune
Des maladies auto-immunes y trouvent également leur origine comme la thyroïdite d’Hashimoto, la maladie de Basedow, sclérose en plaques, diabète, rectocolite hémorragique, maladie de Crohn …). L’organisme, face à la déferlante inflammatoire va produire un grand nombre d’anticorps. Ces derniers ne seront pas capable de faire la différence entre les tissus sains et les éléments étrangers. L’organisme s’attaquera alors à lui-même, on parlera de maladie auto-immune. Le risque de maladie auto-immune devient important lorsque la situation inflammatoire s’installe. Car le système immunitaire ne fera alors plus la différence entre les cellules du soi et du non soi. Le corps s’attaquera de fait au cellules du soi (ses propres cellules) et déclenchera une maladie dite auto-immune.
Une fragilité immunitaire
L’intestin abrite 80 % de notre système immunitaire, permettant de lutter contre virus, bactéries et éléments étrangers. Un intestin en mauvais état engendrera donc une baisse de l’immunité. Cette baisse peut avoir comme conséquences des réactions allergiques (rhinites, asthme, eczéma…) ou des intolérances alimentaires. Une baisse d’immunité peut également engendrer des rémissions longues et difficiles comme le covid long.
Des perturbations psychiques
En effet on sait maintenant qu’il existe davantage de neurones dans nos intestins que dans notre cerveau. Nos intestins sont une véritable usine de neuromédiateurs indispensables à notre équilibre physiologique et psychique. Ainsi dans le cas d’une dysbiose intestinale, l’organisme se trouve en déficit de sérotonine, « hormone du bonheur » ou de dopamine qui nous procure la motivation. Soigner son intestin, revient à soigner son cerveau. Il serait d’ailleurs pertinent dans un certain nombre de cas lorsque quelqu’un ne va pas bien de regarder du côté de son intestin avant de lui proposer des anti-dépresseurs. Ces derniers ayant aussi des conséquences sur la muqueuse et le microbiote …
Les causes de la perméabilité intestinale
En tant que naturopathe, je m’applique toujours à chercher la ou les causes d’un trouble tout comme le préconisait déjà Hippocrate en 400 ans avant JC. « Cherchez la cause et supprimez-la, puis chercher la cause de la cause et supprimez-la ». Différents phénomènes peuvent être à l’origine d’une muqueuse perméable :
- une alimentation industrielle, transformée, riche en additifs, pesticides, glucides et acides gras saturés.
- les médicaments notamment les antibiotiques, les corticoïdes ou les anti-inflammatoires
- une consommation excessive de tabac ou d’alcool.
- une intolérance au gluten.
- une déficience en anticorps.
- un excès de sport.
- un disfonctionnement physiologique
Le stress est également un facteur important à l’origine de l’inflammation intestinale. Un surcroit de stress entraine une production excessive d’adrénaline et de cortisol, hormones hyperglycémiantes. Ce phénomène libére ainsi du sucre dans le sang et augmente le stock de graisse abdominale.
Comment repérer une perméabilité intestinale ?
Plusieurs symptômes cliniques évoqueront une perméabilité intestinale. Il est également possible de confirmer l’anamnèse par des analyses biologiques. En dosant la zonuline, protéine produite au niveau des jonctions serrées de la muqueuse intestinale. Celle-ci contrôle l’étanchéité de l’intestin. Lorsqu’il y a disfonctionnement de la barrière intestinale, la zonuline est en surproduction. L’analyse biologique se fait au niveau sanguin ou fécal.
On observera également dans les analyses biologiques des marqueurs inflammatoires :
- La CRP (C réactive protéine) protéine synthétisée par le foie augmentée en cas d’infection.
- Le fibrinogène, protéine présente dans le plasma sanguin accentuée en cas d’état inflammatoire.
- Les cytokines inflammatoires notamment les TNFa et les interleukines 1 et 6 sécrétées par les cellules en cas de réponse immunitaire.
Et puis sachez que derrière un syndrome métabolique, surpoids, hypertension artérielle, graisse abdominale, diabète de type 2 … ou encore une NASH se cache une inflammation.
Enfin un mauvais ratio oméga-3/oméga-6 favorisera l’inflammation.
Quelles solutions naturelles pour résoudre la perméabilité intestinale ?
La qualité des aliments
Comme vous l’avez compris, l’inflammation est à l’origine de la perméabilité intestinale. La première des choses à faire : supprimer de façon drastique tout aliment inflammatoire le temps de la réparation de la muqueuse. C’est le moment de mettre en place une réforme alimentaire.
Le gluten et les produits laitiers, pro-inflammatoires seront donc à évincer ainsi que tous les aliments sucrés et raffinés.
Il convient d’éliminer toute alimentation industrielle, contenant additifs, colorants et polluants divers. Je vous expliquerai comment privilégier une alimentation de qualité biologique, complète la plus hypotoxique possible et anti-inflammatoire.
Les légumes lacto-fermentés sont une excellente source de fibres et de prébiotiques. Ils vont nourrir les bonnes bactéries de l’intestin, ils sont à favoriser.
La pratique de l'exercice physique
Une activité physique régulière, modérée et adaptée participera à la réparation intestinale. Encore une citation d’Hippocrate juste pour le plaisir : « La marche est le meilleur remède pour l’homme« .
Une bonne gestion du stress et des émotions
Le stress comme nous l’avons évoqué ci-dessus contribue à l’état inflammatoire. Il sera par conséquent profitable d’apprendre à le diminuer et à gérer ses émotions. De nombreuses méthodes existent. De la sophrologie à la thérapie en passant par le yoga, le Qi Gong, la cohérence cardiaque ou encore la méditation. Je vous conseillerai en fonction de votre tempérament et de vos besoins. Je pratique également le massage bien-être et la réflexologie plantaire, deux techniques qui agissent sur la détente physique et nerveuse.
Les compléments alimentaires
Il existe différents compléments alimentaires pour réparer la muqueuse intestinale. Cela demande du temps et de l’engagement. En effet prendre un complément alimentaire sans réforme de l’hygiène de vie globale ne servira à rien. J’apprécierai en fonction de l’anamnèse et de la clinique la durée et les compléments les plus appropriés.
La L-Glutamine, productrice de gaba, substance protectrice et anti-inflammatoire de l’intestin, favorisera la croissance et la réparation de la muqueuse.
On pensera aussi à la réglisse, grand anti-inflammatoire des muqueuses, au curcuma et à la mélisse entre autres. La prise de probiotiques et de prébiotiques pour reconstituer et nourrir les bonnes bactéries accompagnera le traitement. Attention cependant à ne pas prendre n’importe quelles souches. Il est nécessaire d’écouter les conseils d’un thérapeute avisé.
Les oméga-3, aideront à régénérescence et à la croissance de la muqueuse.
La gemmothérapie peut apporter une aide appréciable. L’olivier pour le syndrome métabolique. Le noyer pour l’inflammation et la réparation de la muqueuse. Ou encore le cassis pour ses propriétés anti-inflammatoires.
Les substances citées ci-dessus ne sont que des exemples et ne constituent en aucun cas une recommandation. Chaque personne est unique et j’adapterai mes conseils en fonction de chacun.
En conclusion
Entreprendre de réparer une muqueuse intestinale est une démarche globale qui demande du temps et de l’engagement. Elle nécessite une remise en cause de toute votre hygiène de vie physiologique et émotionnelle. Il est nécessaire d’être bien accompagné. Le bien-être physique et mental a des chances d’être au bout du chemin.
En aucun cas les informations et les conseils proposés ici ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
