Hélicobacter pylori, une bactérie super organisée

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Une bactérie bien adaptée à la vie au sein de l’estomac

Vous avez peut-être entendu parler de cette bactérie. Il n’est en effet pas rare qu’elle prenne ses quartiers dans l’estomac car elle est à la fois très résistante et adaptable. Environ 50 % de la population mondiale serait touchée par ce micro-organisme pathogène. https://fr.wikipedia.org/wiki/Helicobacter_pylori

Une résistance à toute épreuve

Sa résistance est due à plusieurs facteurs. Tout d’abord, sa forme à l’origine de son nom. Elle est de fait assortie d’un flagelle de forme hélicoïdale qui facilite son ancrage dans la muqueuse de l’estomac. D’autre part la bactérie possède la capacité de survivre et de s’adapter dans le milieu fort acide de l’estomac. Pour cela elle sécrète une enzyme appelée uréase. Celle-ci a la faculté de neutraliser les sucs gastriques en hydrolysant l’urée normalement présente dans l’estomac, en ammoniaque. Ses flagelles sont de plus recouverts de gaines protectrices anti-acidité. Celles-ci entrainent une grande mobilité de la bactérie et facilitent la colonisation au sein de l’organe. 

Des conséquences délétères pour l’estomac

L’estomac est normalement acide pour répondre à plusieurs critères. Stériliser le bol alimentaire, éviter que les bactéries indésirables ne prolifèrent, convertir les enzymes ou encore découper les nutriments. Afin de préserver les muqueuses de l’estomac de l’acidité, une couche de mucus associée à du bicarbonate jouent le rôle de barrière protectrice. Or, Hélicobacter pylori arrive grâce à sa morphologie et à la production d’uréase à résister à l’acide, à pénétrer le mucus et à se fixer sur les cellules de la muqueuse intestinale. 

La bactérie va petit à petit coloniser l’estomac et induire de nombreux déséquilibres au sein de l’organe. Provoquant ainsi des lésions, des atrophies et des ulcérations des tissus de la muqueuse intestinale. Les muqueuses perdent alors de leur substance. L’ensemble de ces phénomènes conduit à de l’inflammation pouvant aller vers la gastrite, le reflux, l’ulcère, des hémorragies, des perforations digestives, voir même le cancer de l’estomac.https://laurenceguillon-naturo.com/accompagner-le-cancer-par-des-moyens-naturels/

La bactérie est responsable d’environ 70 % des ulcères gastriques et 90% des ulcères duodénaux. On a longtemps pensé que l’origine des gastrites et de l’ulcère était le stress. On sait maintenant que l’Helicobacter pylori en est la cause la plus fréquente.

Comment se transmet la bactérie ?

La transmission a souvent lieu pendant l’enfance. Cette infection bactérienne est transmise de la mère à son enfant. Dans une moindre mesure le père l’inocule à son enfant et c’est parfois le cas entre frères et sœurs. La transmission se fait en général par la salive ou les selles. De mauvaises conditions d’hygiène entrainent un risque accru de transmission possible.

La moitié de la population mondiale serait infectée. 

Comme nous l’avons décrit précédemment la bactérie survit dans le milieu hostile de l’estomac en produisant une substance qui neutralise l’acidité gastrique. Elle se visse littéralement dans les parois de l’estomac, se multiplie et dégrade petit à petit la couche de mucus protecteur. Elle occasionne des lésions et une inflammation aigüe pouvant conduire aux pathologies chroniques citées ci-dessus.

Quels sont les symptômes d’une contamination à la bactérie ?

Dans de nombreux cas, les personnes atteintes ne développent pas de symptômes. Il se passe parfois des années avant que des signes cliniques dévoilent une infection par Hélicobacter pylori. Plusieurs troubles tels une sensation d’estomac trop rempli, des brûlures et douleurs au niveau de l’organe, des nausées, une diminution d’appétit, des rots fréquents, un goût désagréable dans la bouche ou encore des saignements de gencives peuvent faire penser à une possible atteinte. La bactérie conduit souvent à de l’inflammation. Celle-ci contribue à des gastrites, à la formation d’ulcères et augmente les risques de cancer de l’estomac.

Dans quels cas penser à un dépistage ?

Lorsqu’un membre de la famille proche a été diagnostiqué pour un cancer de l’estomac, il est fortement conseiller de se faire dépister. Lorsqu’on est sujet à des douleurs d’origine gastriques également, et enfin lorsqu’il y a une anémie ferriprive (carence en fer) sans cause apparente. En effet plusieurs études ont montré une corrélation entre la carence en fer et hélicobacter pylori, (voir https://www.snfge.org/content/anemie-ferriprive-et-infection-helicobacter-p). A noter qu’une carence en magnésium et en vitamine B12 peut parfois aussi évoquer la présence de la bactérie https://laurenceguillon-naturo.com/quid-du-magnesium/.

Quels sont les moyens de dépistage ?

Le dépistage s’effectue de différentes façons. Il existe un test respiratoire à l’urée. En effet, comme nous l’avons vu précédemment la bactérie produit une enzyme appelée uréase, dans le but de neutraliser les sucs gastriques. Cette enzyme transforme l’urée en dioxyde de carbone et en ammoniac. En cas de présence d’urée, le test révèle de manière fiable la présence de la bactérie. Un traitement pourra alors être envisagé. L’intérêt de ce test est qu’il n’est pas invasif et évite l’endoscopie, beaucoup moins agréable pour le patient.

Dans certains cas, comme par exemple la présomption de lésions cancéreuses, on pratiquera une biopsie.

Les traitements classiques

Les traitements classiques de trithérapie recommandent la combinaison de deux antibiotiques associés à des IPP (inhibiteurs de la pompe à protons). L’antibiogramme est conseillé pour le choix des antibiotiques. L’ensemble du traitement s’étend sur une durée de 2 semaines en moyenne. Malheureusement il existe souvent une résistance aux antibiotiques. Nous verrons ci-dessous qu’il est possible de renforcer l’efficacité de la trithérapie en y associant certains probiotiques et compléments naturels.

L’accompagnement naturopathique

Étant donné l’antibiorésistance  accrue (voir https://www.fmcgastro.org/texte-postu/postu-2018-paris/helicobacter-qui-traiter-et-comment-en-2018/), les naturopathes recommandent fortement d’y associer d’autres techniques. Ainsi, des conseils alimentaires, des aides pour favoriser la cicatrisation des tissus et rééquilibrer le milieu biochimique de l’estomac contribueront à l’éradication de la bactérie.

Les conseils alimentaires

Supprimer les épices, piments et autres poivres irritants pour la muqueuse. 

Éviter les aliments acides, vinaigre, tomates, cornichons, agrumes, choucroute, sucres raffinés, épices, café, alcool, graisses frittes et autres produits industriels.

Limitez les aliments acidifiants pour l’organisme, protéines animales, céréales et glucides raffinés. 

Diminuer le thé, le chocolat, les boissons gazeuses et la menthe.

Ne pas boire trop chaud. 

Préférer une alimentation dissociée pour diminuer la charge de travail de l’estomac et du pancréas. 

Tendre vers une alimentation alcalinisante, légumes, fruits, algues, huiles première pression à froid, omégas-3, petits poissons gras, céréales semi-complètes. 

Il est préférable de consommer les crudités en milieu de repas. Ainsi ils seront moins irritants pour la muqueuse.

Les jus de légumes pressés peuvent être d’une grande aide. Notamment le jus de choux ou de pomme de terre dont l’amidon opère comme un véritable pansement.

Les probiotiques

Comme indiqué ci-dessus, la trithérapie n’est pas toujours suffisante en raison de la résistance croissante aux antibiotiques. Certaines études démontrent que l’action des antibiotiques est renforcée lorsqu’on y ajoute une certaine catégorie de probiotiques, les lactobacilles. Il s’avère en effet qu’Hélicobacter pylori n’apprécie guère la présence de ces dernières, notamment les L casei et les L reuteri https://laurenceguillon-naturo.com/mon-microbiote-et-moi-2/.

Les compléments alimentaires utiles

Divers produits apportent leur contribution. Certaines associations seront intéressantes et renforceront l’éradication d’Hélicobacter pylori.

Les plantes

L’aloé vera tapisse la muqueuse de l’estomac de son gel. 

Le figuier sous forme de bourgeons, utilisé en gemmothérapie agit à la fois sur le stress et la digestion. Il apaise les brûlures et douleurs liées à l’ulcère. 

L’aulne glutineux, grand bourgeon de l’estomac permet de lutter contre l’inflammation et possède une action drainante. Il est intéressant dans les cas d’ulcères et de gastrites.

Pour réparer la muqueuse abimée par Hélicobacter pylori, la réglisse grand anti-inflammatoire des muqueuses est très efficace, à condition de ne pas avoir des problèmes d’hypertension https://laurenceguillon-naturo.com/lhyperpermeabilite-intestinale/.

La mélisse grand ami de l’estomac et antispasmodique apporte de soulagement et diminue les spasmes.

Certaines plantes comme le cumin, le fenouil, l’anis, la menthe poivrée ou encore l’angélique favorisent également la digestion.

La fleur d’oranger favorise la sécrétion de bile par le foie(cholérétique) et la libération de bile par la VB (cholagogue).

Associée à de l’eau chaude elle favorise l’ouverture du sphincter de l’estomac et donc sa vidange. Elle améliore la digestion.

La boswellia possède des propriétés anti-inflammatoires très intéressantes.

Enfin, le mastic de Chios issu du lentisque pistachier est un remède très efficace pour lutter contre les brûlures et douleurs d’estomac liées à l’ulcère. Il contribue à l’éradication de la bactérie.

Les enzymes

Certaines enzymes participent à une bonne digestion. La bromélaine notamment est d’autant plus intéressante qu’elle facilite la digestion, possède une action anti-inflammatoire et anti-infectieuse.

Certaines épices

Le curcuma très anti-inflammatoire à condition bien sûr qu’il ne soit pas dans ce cas associé à du poivre. 

Le gingembre, grand protecteur de l’estomac diminue les sécrétions gastriques et renforce la formation du mucus. Ses composants contribuent à l’élimination d’Hélicobacter pylori.

Les minéraux

Le bicarbonate et certains minéraux alcalinisent l’écosystème. Le magnésium contribue à la diminution du stress qui rappelons-le est très inflammatoire.

La consommation de tabac est fortement déconseillée https://laurenceguillon-naturo.com/besoin-daide-pour-arreter-de-fumer/ ainsi que certains médicaments comme les anti-inflammatoires ou l’aspirine. Il reste bien sûr indispensable d’apprendre à gérer son stress https://laurenceguillon-naturo.com/le-stress-et-ses-repercussions-sur-lorganisme/.

Et puis …

Comme vous l’avez compris, se débarrasser de cette bactérie n’est pas chose aisée. Cela demande souvent d’associer des traitements classiques à base d’antibiotiques et des techniques naturelles pour renforcer l’action et perdurer dans le temps. L’alimentation et la gestion du stress sont indispensables si on veut obtenir des effets durables.