Prostate et testostérone, en prendre soin

Tout d’abord quelques rappels physiologiques

La prostate est chez l’homme une petite glande hormono-dépendante de la taille d’une châtaigne. Elle se situe à la sortie de la vessie juste devant le rectum et enserre l’urètre. Cette petite glande est à la fois chargée de la fabrication du liquide séminal, de la protection et de la nourriture des spermatozoïdes grâce à ses sécrétions. Elle sert aussi de canal d’élimination pour l’urine et le sperme et se situe au croisement des fonctions urinaires et érectiles masculines. Ce qui explique que des dysfonctionnements éventuels au niveau de la prostate peuvent impacter également la miction. C’est au sein des testicules et des surrénales qu’a lieu la synthèse de la testostérone, principale hormone mâle. La testostérone a des répercussions sur le fonctionnement de la prostate. Autant dire que cette glande, malgré sa petite taille a une place de choix dans la vie d’un homme.

Les différents rôles de la testostérone chez l’homme

La testostérone, hormone androgène a donc une importance majeure chez l’homme. Elle est non seulement liée aux caractères sexuels, mais influence également de nombreuses autres fonctions organiques.

Elle a une implication directe sur la croissance et le fonctionnement du pénis et de la prostate. Cette hormone est à l’origine de la production des spermatozoïdes et de l’énergie sexuelle. Ses effets ont une incidence sur la pousse des poils, la tonalité de la voix, une potentielle calvitie, la production de sébum. La testostérone intervient dans la prise de masse musculaire et la résistance physique. Par ailleurs, elle influence l’humeur, module l’immunité, impacte la solidité des os, augmente la vitalité des glandes surrénales, la tolérance au glucose et améliore l’équilibre nerveux.

Comment est fabriquée la testostérone

La testostérone est fabriquée comme l’ensemble des hormones stéroïdes à partir du cholestérol. Il sera donc utile d’avoir suffisamment de bon cholestérol. Ce dernier étant synthétisé en grande partie dans le foie. La bonne santé des cellules hépatiques sera par conséquent nécessaire. Une prise de statines par exemple pourrait être à l’origine d’une carence en testostérone.

La testostérone est fabriquée depuis l’hypophyse au sein de deux voies différentes. Sa synthèse se fait soit au niveau des testicules, soit au niveau des surrénales. La voie des surrénales est aussi la voie du stress avec les sécrétions de cortisol et de DHEA. La gestion du stress aura de fait un impact sur la fabrication de testostérone.

 

Schéma prostate

D’où l’importance de bien gérer son stress

Lorsque l’homme gère bien son stress et ses émotions, il va sécréter du cortisol en quantité équilibrée au niveau des surrénales. Celui-ci va augmenter la production de DHEA et donc celle de testostérone.

En revanche si le stress devient chronique, le cortisol sera sécrété en abondance et diminuera alors la synthèse de DHEA.  On peut donc en déduire qu’en cas de stress chronique, la baisse de DHEA, hormone de la vitalité et de la jeunesse, entrainera non seulement une baisse de testostérone, mais également une moins bonne capacité à vieillir en bonne santé assorti d’une baisse de l’immunité. Le naturopathe s’assurera donc en cas de diminution de testostérone de la présence ou pas d’un stress chronique. 

Je vous renvoie à ce sujet sur l’article qui explique les différentes phases du stress.

Que va devenir la testostérone

Il faut savoir que seul 2 % de la testostérone est sous forme libre, c’est à dire utilisable. La testostérone est transportée par une protéine la SHBG. Lorsque la testostérone est liée à sa protéine de transport, elle n’est alors pas libre et donc inutilisable. Dans certains cas, l’empêcher de se fixer sur son transporteur permettra de la rendre libre et utilisable.

La testostérone se transforme biologiquement en deux hormones principales grâce à des enzymes. La 5 alpha-réductase entraine la formation de Dihydrotestostérone, forme active de la testostérone. L’aromatase quand à elle conduit à la fabrication des œstrogènes. Ces hormones en excès ou en insuffisance entraineront différents problèmes dont l’inflammation. Trop de DHT favorisera la perte de cheveux ou le cancer de la prostate. Au contraire, une carence entrainera de la fatigue, de l’irritabilité et une diminution des caractères masculins.

En fonction des symptômes cliniques et des analyses biologiques, on pourra agir sur les enzymes pour réguler les hormones, empêcher ou augmenter la fixation de la testostérone à sa protéine de transport …

Le lien entre le surpoids et le déficit en testostérone

L’aromatisation, c’est à dire la transformation par l’aromatase de la testostérone en œstrogènes se produit au niveau des tissus adipeux. Le surpoids, tout comme l’obésité ou le diabète favorisent donc un trop plein d’œstrogènes et un déficit en testostérone. Connaitre le taux de glycémie orientera par conséquent sur le taux de testostérone. L’insuline inhibe par ailleurs la fabrication de la SHBG au niveau du foie.

Les autres facteurs à l’origine d’une chute de testostérone

À partir de 40 ans, le taux de testostérone diminue en moyenne de 1 % par an. C’est un phénomène physiologique normal et progressif, contrairement à la femme qui connait un arrêt brutal de ses sécrétions hormonales à la ménopause. En revanche d’autres facteurs sont susceptibles d’aggraver ce fait physiologique. Le surpoids et le stress comme vu ci-dessus. Mais aussi les perturbateurs endocriniens, la sédentarité, les erreurs alimentaires, l’abus de tabac ou d’alcool, certains médicaments comme les statines préalablement citées ou encore certaines maladies.

Quels sont les signes d’un déficit en testostérone

Ils sont nombreux et peuvent impacter différents systèmes de l’organisme. Troubles de la miction. Congestion pelvienne. Diminution de la quantité de sperme, problèmes liés à l’éjaculation, testicules plus petits et moins fermes. Inflammation des voies urinaires basses. Diminution de la libido. Défaut de concentration, agressivité, irritabilité, anxiété, troubles du sommeil, endormissement après les repas. Augmentation de la graisse viscérale au niveau abdominal, diminution de la pilosité, acné, transpiration augmentée. Hyperpilosité ou alopécie.

Les dysfonctionnements possibles de la prostate

Il existe trois dysfonctionnements principaux : 

L’adénome ou hypertrophie bénigne de la prostate est non cancéreux. Cela arrive essentiellement après l’âge de 50 ans. Il s’agit d’un problème bénin, mais souvent invalidant, qui entraine une compression de l’urètre. Cette compression due à une prolifération des cellules situées dans la zone de la prostate conduit le plus souvent à des difficultés urinaires. Besoin fréquent d’uriner, miction douloureuse, incontinence, impression de ne pas avoir vidé sa vessie ou complications érectiles. Le diagnostic est réalisé au moyen d’un toucher rectal et d’un dosage de PSA ou antigène prostatique spécifique.

La prostatite, ou inflammation de la prostate, aiguë ou chronique intervient suite à des infections urinaires fréquentes. Les causes les plus courantes sont des infections sexuellement transmissibles, des malformations uro-génitales, une pratique intensive du vélo ou de l’équitation ou encore des positions assises prolongées. Il s’agit là d’une urgence médicale absolue, qui doit être traitée par antibiotiques.

Le cancer de la prostate, cancer le plus répandu chez l’homme d’après l’institut national du cancer. Le diagnostic se fait en dosant les PSA, un toucher rectal pour apprécier le volume de la prostate, une échographie et une biopsie.

La prévention

Une bonne hygiène de vie globale pourra limiter ou retarder l’apparition de l’adénome. Elle augmentera les chances d’éviter un cancer de la prostate. 

L’alimentation

Limiter les aliments inflammatoires

Les cellules cancéreuses sont friandes de sucres et d’acides gras. Il convient donc de limiter tous les aliments industriels et transformés qui contiennent sucres raffinés et gras cachés en quantité. 

Les viandes rouges et charcuteries, riches en acides gras sont aussi à limiter ainsi que les cuissons au barbecue, qui contiennent des benzopyrènes, hautement cancérigènes. 

Les produits laitiers, pro-inflammatoires sont à déconseiller.

L’alcool, fortement cancérigène est à réduire. En revanche 1 à 2 verres quotidiens de bon vin rouge seraient associés à une diminution du risque de l’adénome de la prostate, préconise Thierry Souccar. 

Enfin, la consommation de sel est à freiner. En effet, les cellules cancéreuses se développent en milieu aqueux et le sel retient l’eau comme chacun le sait. 

Privilégier une alimentation anti-inflammatoire

La consommation de légumes frais de saison dont les crucifères, est à renforcer. Ils sont riches en antioxydants et s’opposent ainsi aux radicaux libres. 

Les fruits, notamment les baies et les fruits rouges sont également bien pourvus en antioxydants. 

Les omégas 3, riches en anti-inflammatoires sont une aide précieuse. 

Une alimentation riche en fibres est essentielle car les fibres piègent les toxines et évitent ainsi l’inflammation. Céréales complètes et légumineuses remplaceront efficacement les aliments raffinés. 

Les herbes aromatiques sont à privilégier pour leurs propriétés anti-inflammatoires. Les condiments type ail et oignon, riches en quercétine, puissant antioxydant sont à consommer sans modération. 

Les aliments soufrés comme le radis noir, les brocolis, les échalotes, les poireaux sont protecteurs du cancer. Ne pas hésiter à les consommer régulièrement.

 

Fruits d'été
Poivrons marinés prostate et testostérone
Graines de courge bon pour la prostate

Et bien sûr

Favoriser une alimentation de qualité biologique, exempte de pesticides, additifs et perturbateurs endocriniens. Diminuer les quantités de nourriture. La suralimentation est de fait un facteur aggravant.

Pour la boisson, une quantité d’environ 1,5 litre d’eau peu minéralisée est conseillée ainsi que du thé vert, riche en polyphénols. Le café et autres produits riches en caféine comme le cola ainsi que les épices sont à diminuer fortement. Ils sont irritants pour les voies urinaires.

Les graines de courge

Riches en zinc et en omégas 3, elles soulagent les troubles liés à l’adénome de la prostate, (troubles de la miction et vessie irritable). Elles inhibent la 5 alpha-réductase. Une consommation quotidienne peut apporter une aide intéressante à condition de bien mâcher les graines. L’huile de pépin de courge peut également être utilisée, à condition de la conserver au frais pour éviter l’oxydation.

L’activité physique

L’activité physique renforce les défenses immunitaires et favorise l’élimination des toxines. Une activité sportive régulière est préconisée. L’inactivité physique et la station assise prolongée pouvant être des causes de l’hypertrophie de la prostate. Par contre éviter les sports type vélo ou équitation, qui sollicitent trop le plancher pelvien.

La gestion du stress

Selon une étude menée par l’école Albert Einstein de New York, magasine Top Santé 2013, le stress serait le facteur principal à l’origine du cancer de la prostate. Apprendre à gérer son stress grâce à différents outils comme la méditation, la cohérence cardiaque, le yoga, l’EFT ou encore la sophrologie peut s’avérer efficace.

Les aides naturelles 

Elles seront mises en place en fonction de la problématique.

Le lin

Lorsqu’il y a trop d’œstrogènes, en cas de surpoids ou de syndrome métabolique, on va bloquer l’aromatase, enzyme qui transforme la testostérone en œstrogènes avec du lin.

L’ortie racine

L’ortie racine aura une action antiproliférative dans l’hypertrophie bénigne de la prostate. Mais aussi une action anti-inflammatoire, immuno-modulatrice et vasorelaxante. Elle a des propriétés anti-aromatase et inhibitrices de la 5 alpha réductase. On l’utilisera sous forme de tisane ou d’extrait de plante fraiche.

Le sulforaphane

En cas d’hypertrophie bénigne de la prostate, le sulforaphane molécule issue du brocolis protègera d’une évolution cancéreuse, renforcera le système immunitaire, régulera le taux de sucre sanguin et participera à la détox générale. Le sulforaphane peut également être proposé en accompagnement du cancer de la prostate.

Le tribulus 

Il a un effet androgénique et favorise la synthèse et le nombre des spermatozoïdes ainsi que l’augmentation de la testostérone libre et de la DHEA. On le proposera par conséquent en cas de déficit de l’hormone masculine souvent liée à l’âge. Différents symptômes évoquent ce phénomène, perte de libido, diminution de la taille des testicules, irritabilité, fatigue, réduction de la pilosité, perte de masse musculaire …

Le pollen frais de saule

Il contribue au bon fonctionnement de la prostate, il est riche en vitamines du groupe B, C et E, il contient de nombreux minéraux et antioxydants.

Le reishi

Ce champignon possède des propriétés anti-inflammatoire et anti-tumorales. Il a de plus une action inhibitrice sur l’enzyme 5 alpha réductase. Rappelez-vous c’est celle qui permet la conversion de la testostérone en dihydrostérone, responsable de l’hypertrophie de la prostate.

Le palmier nain

Diurétique, il favorise l’écoulement urinaire. Il peut soulager les symptômes liés à l’adénome ou à la prostatite.

Le marronnier d’Inde

Consommé également sous forme de tisane ou d’extrait de plante, il a une action décongestionnante sur la prostate.

L’épilobe

Cette plante aux vertus anti-inflammatoires et antiœdémateuse limite l’activité des enzymes et améliore le confort urinaire en cas d’adénome de la prostate.

Les huiles essentielles

L’association d’HE de pin sylvestre et de cyprès de Provence, mélangée à une huile végétale, contribue à décongestionner la glande et à stimuler la circulation, en massage du bas du dos et du petit bassin. 

Les plantes adaptogènes

Elles seront utiles pour aider l’organisme à s’adapter au stress  et rééquilibrer ainsi un taux de testostérone trop bas.

Et puis …

Il est fortement conseillé d’arrêter la consommation de tabac, grand facteur de risque du cancer.

Éviter la constipation, les matières retenues au sein du rectum peuvent comprimer la prostate.

Une activité sexuelle régulière est un bon outil de prévention, car elle permet à la fois l’élimination et la décongestion.

L’obésité est un facteur aggravant de nombreux cancers dont celui de la prostate, il est fortement conseillé de perdre du poids lorsque cela est nécessaire et de travailler si besoin est sur l’origine de compulsions alimentaires.

En aucun cas les informations et les conseils proposés ici ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé